Néréides

Dans la mythologie grecque, les Néréides sont des nymphes marines, filles de Nérée et de Doris.
Étymologie
Le terme français « Néréides » provient du latin de même sens Nereides (pluriel de Nereis), lui-même dérivant du grec ancien Νηρῇδες / Nērêides, pluriel de Νηρῇς (Nērêis) (ou Νηρηΐδες / Nērēḯdes, pluriel de Νηρηΐς (Nērēḯs)). Ce terme est dérivé de Nérée (Νηρεύς (Nēreús)), père des Néréides ; ce dernier est peut-être lié au verbe νέω (néō), « nager ».
En français, le terme a également été écrit « Néréïdes » ou « Néréydes ».
Mythologie

Théodore Chassériau, 1840
Paris, musée du Louvre.
Les Néréides sont des nymphes marines, filles du dieu marin Nérée et de l'Océanide Doris. Elles sont au nombre de cinquante et forment le cortège de Poséidon ; associées particulièrement à la mer Égée, souvent représentées chevauchant des monstres marins, elles symbolisent le mouvement de la mer et vivaient dans des palais sous-marins. Elles sont représentées comme de belles jeunes filles à la chevelure entrelacée de perles, portées sur des dauphins ou des hippocampes, et tiennent à la main tantôt un trident, tantôt une couronne ou une victoire, tantôt une branche de corail. Quelquefois, on les représente comme les sirènes, mi-femmes mi-poissons, c'est pourquoi elles sont souvent présentes avec les tritons sur les peintures et sculptures antiques.
Certaines Néréides sont plus connues que d'autres, telles Amphitrite, épouse de Poséidon, Thétis, mère d'Achille, Galatée, aimée du Cyclope Polyphème, ou Psamathée, mère de Phocos avec Éaque. Dans l’Iliade d'Homère, lorsque Thétis pleure en sympathie de la douleur d'Achille pour la mort de Patrocle, ses sœurs apparaissent. Opis est mentionnée dans l’Énéide de Virgile ; elle est appelée par la déesse Diane pour venger la mort de la guerrière Camille, tuée par Arruns. Armée par Diane, Opis transperce Arruns d'une flèche.
Les Néréides sont fières de leur beauté. Lorsque la reine d'Éthiopie Cassiopée prétend que sa fille Andromède est plus belle que les Néréides, elles exigent que Poséidon les venge. Celui-ci envoie le dragon marin Cétus ravager les côtes du pays. Paniqué, Céphée cherche conseil auprès de l'Oracle d'Ammon en Libye, lequel lui répond que la seule façon de sauver son royaume est de sacrifier sa fille Andromède au monstre.
Catalogues antiques
Quatre ouvrages antiques recensent diverses Néréides. Les noms ne sont pas identiques d'une liste à l'autre, conduisant à près d'une centaine de Néréides distinctes :
- « Apollodore », dans la Bibliothèque (livre I, chapitre 2, paragraphe 7), mentionne 45 Néréides :
- Hygin, dans la préface des Fabulae, en liste 48 :
Le tableau suivant reprend les mentions chez ces quatre auteurs. Le nom grec et sa transcription sont également indiqués, sauf lorsque présent uniquement chez Hygin (écrivain de langue latine).
Autres auteurs
Quelques Néréides non présentes dans les quatre catalogues principaux peuvent aussi être trouvées :
- Néère, Neaera ou Neera, peut-être la mère d'Absyrtus par Éétès.
- Pronoia, la Prévoyance, épouse de Prométhée, une Néréide ou une Océanide selon les auteurs, peut-être confondue avec Pronoé.
- Iphianassa, une des 50 Néréides d'après Lucien.
Évocation moderne

Arts
Littérature
- Au XIXe siècle, l'écrivain français Théophile Gautier écrit un poème Les Néréides dans son recueil Émaux et Camées (publié en 1852). Le poème décrit un tableau à l'aquarelle représentant les Néréides en mer. Cette toile est probablement fictive, mais Gautier s'inspire de tableaux réels qui représentent fréquemment ces figures mythologiques à son époque, notamment Les Néréides du peintre Auguste Gendron (1851) ou La Vapeur mettant en fuite les dieux marins d'Horace Vernet (1847) qui doit alors décorer un plafond de la Chambre des députés.
- Une nouvelle de Marguerite Yourcenar s'intitule L'homme qui a aimé les Néréides qui décrit le triste sort d'un jeune homme, fils de paysan grec, tombé amoureux des Néréides et devenu fou.
Musique
Les Néréides apparaissent également dans la musique : en 2007, en France, le groupe breton Tri Yann leur consacre une chanson, J'ai croisé les Néréides, dans son album Abysses qui a pour thème le monde sous-marin.
Sciences
Biologie
En zoologie
Les noms de Nérée, Doris et de la plupart des Néréides sont attribués à plusieurs animaux marins (noms de genres, initialement), comme :
- Annélides : Néréis, Amphinomé, Amphitrite, Clymène, Déro, Eunice, Eupompe, Hipponoé, Néoméris, Phéruse, Phyllodoce, Polynoe, Psamathée, Spio, Xantho
- Cnidaires : Dynamène, Laomedie, Nausithoé, Pleuxaure, Thoé
- Crustacés : Amphithoé, Apseudès, Autonoé, Cymodocé, Callianassa, Cymo, Dèxamené, Dynamène, Eucrante, Eurydice, Galatée, Galène, Halimède, Leucothoé, Limnoréia, Pontoporie, Pronoé, Protomédie, Thémisto, Thoé, Xantho
- Cténaires : Beroe, Callianira, Cydippe, Déiopé
- Bryozoaires : Phéruse
- Némertes : nom de l'embranchement ; plusieurs noms de genre sont également dérivés de Némertès
- Mollusques : Clio, Doris, Erato, Glauconomé, Panope
Des insectes, en particulier des papillons, tiennent aussi leurs noms de Néréides:
En botanique
Plusieurs genres d'algues tiennent leurs noms de Néréides:
- Algues rouges : Dione, Galènes
- Algues vertes : Halimeda, Néoméris
Ainsi que des herbes marines :
D'autres plantes également :
Nébuleuse
SNR 107.5-5.2, surnommée la nébuleuse des Néréides, un rémanent de supernova découvert en 2023, a été nommée ainsi par ses découvreurs en raison de l’aspect ondulé de ses nébulosités, semblable à des vagues, ainsi que pour sa localisation dans la constellation de Cassiopée, l'histoire de la reine Cassiopée se recoupant avec celle des Néréides qu'elle avait offensée.
Lunes
Les satellites naturels de Neptune portent le nom de personnages de la mythologie gréco-romaine associés à Poséidon/Neptune et aux océans. En particulier, les satellites irréguliers sont nommés d'après les Néréides :
- Galatée (Neptune VI)
- Halimède (Neptune IX)
- Laomédie (Neptune XII)
- Néréide (Neptune II)
- Néso (Neptune XIII)
- Psamathée (Neptune X)
- Sao (Neptune XI)
Plusieurs autres lunes portent le nom de Néréides :
- Thémisto, une des lunes de Jupiter,
- Actée, le satellite du transneptunien (120347) Salacie,
Astéroïdes
- (200) Dynamène est un astéroïde de la ceinture principale devant son nom à la Néréide Dynamène.
- (427) Galène est un astéroïde de la ceinture principale devant son nom à la Néréide Galène.
- (188) Ménippé est pour sa part un astéroïde de la ceinture principale devant son nom à Ménippé, la fille d'Orion, et non à la Néréide Ménippé.
- (35) Leucothée (désignation internationale (35) Leukothea) est un astéroïde de la ceinture principale devant son nom à la Néréide Leucothoé[pas clair]
Iconographie
- Un Triton et une Néréide ornant un des médaillons de la mosaïque de divinités (Villa gallo-romaine d'Orbe-Boscéaz, IIe siècle)
Annexes
Liens internes
- Divinités grecques marines
- Autres nymphes marines de la mythologie grecque :
Liens externes
- Laure Olive-Humbel, « Les Néréides dans les mosaïques romaines »
- (en) « Nereids and Tritons », Warburg Institute Iconographic Database
Bibliographie
Sources antiques
- Pseudo-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (livre I, chapitre 2, paragraphe 7)
- Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (vers 240 à 265).
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (chant XVIII, vers 38 et suivants)
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (préface)
- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne], (chant I, vers 142)
Ouvrages modernes
- Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires françaises, , 5e éd., 576 p., p. 314Cet ouvrage liste 77 Néréides.
- Collectif, Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae, Zurich, Munich, Dusseldorf, Artemis Verlag, 1981–1999