Pandore

Dans la mythologie grecque, Pandore ou Pandora (en grec ancien Πανδώρα / Pandốra) est la première femme humaine, façonnée dans l'argile par Héphaïstos et animée par la déesse Athéna. Elle est associée à la légende de la « boîte de Pandore » — en fait, une jarre.

Pandore est parfois appelée Anésidora (en grec ancien Ἀνησιδώρα / Anêsidốra), « celle qui fait sortir les présents des profondeurs ».

Anthroponymie

Pandore (en grec ancien Πανδώρα / Pandốra) signifie « ornée de tous les dons » ou « celle qui donne tout ».

Mythe

Hésiode fournit dans Les Travaux et les Jours la plus ancienne et la plus complète version connue du mythe de Pandore. Il raconte au début de son œuvre que Pandore fut créée sur l'ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Elle fut ainsi fabriquée dans de l'argile et de l'eau par Héphaïstos ; Athéna lui donna ensuite la vie, lui apprit l'habileté manuelle (entre autres l'art du tissage) et l'habilla ; Aphrodite lui donna la beauté ; Apollon lui donna le talent musical ; Hermès lui apprit le mensonge et l'art de la persuasion et lui donna la curiosité ; enfin Héra lui donna la jalousie.

— Hésiode, Les Travaux et les Jours, v.59-82, trad. Paul Mazon

Hermès transportant Pandore depuis le mont Olympe, une médaille basée sur un dessin de John Flaxman.

Zeus offrit la main de Pandore à Épiméthée, frère de Prométhée. Bien qu'il eût promis à Prométhée de refuser les cadeaux venant de Zeus, Épiméthée accepta Pandore. Pandore apporta dans ses bagages une boîte mystérieuse que Zeus lui interdit d'ouvrir. Celle-ci contenait tous les maux de l'humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l'Orgueil ainsi que l'Espérance.

— Hésiode, Les Travaux et les Jours, v. 83-90.

Une fois installée comme épouse, Pandore céda à la curiosité qu'Hermès lui avait donnée et ouvrit la boîte, libérant ainsi les maux qui y étaient contenus. Elle voulut refermer la boîte pour les retenir ; hélas, il était trop tard. Seule l'Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée.

— Hésiode, Les Œuvres Opportunes, v. 90-98, trad. Steve Girard.

Interprétations anciennes

L’Iliade, aux vers 527 et suivants du chant XXIV, utilise ce terme : dans la maison de Zeus, il y avait deux jarres, l'une enfermant les biens, l'autre les maux.

Pandore, par Jules Joseph Lefebvre, 1882, collection privée.

La Théogonie d'Hésiode évoque la figure de Pandore, sans pourtant en citer explicitement le nom, mais le rapprochement avec Épiméthée et Prométhée permet une assimilation très claire, renforcée par les similitudes narratives.

— Hésiode, Théogonie, v. 585-610, trad. Aude Priya Wacziarg Engel.

Dans Les Travaux et les Jours, Hésiode décrit Pandore comme un « si beau mal » (καλὸν κακὸν / kalòn kakòn). Pour le nom « Pandore », il peut y avoir plusieurs significations : « celle qui a tous les dons » ou « celle qui est le don de tous les dieux ». Les Travaux et les Jours fournit une interprétation qui semble confirmer la deuxième hypothèse :

— Hésiode, Les Travaux et les Jours.

La raison de la présence de l'Espérance parmi les maux est à chercher dans une meilleure traduction du texte grec. Le terme exact est ἐλπίς / elpís, qui se définit comme l'« attente de quelque chose » ; on l'a sûrement traduit à tort par « espoir ». Une meilleure traduction aurait été « appréhension », voire, « crainte irraisonnée ». Selon cette définition, grâce à la fermeture opportune de la jarre par Pandore, l'humanité ne souffrira que des maux, et non pas de l'attente de ces maux, qui est probablement le pire de tous.

Selon les Histoires incroyables de Palaiphatos, Pandore était une femme grecque très riche. Quand elle sortait, elle se maquillait avec des cosmétiques tirés de la terre, se donnant une grande beauté ; elle découvrit que beaucoup de terre pouvait donner de la couleur et pouvait servir de maquillage.

Études modernes

Pandore est parfois appelée Anésidora (en grec ancien Ἀνησιδώρα / Anêsidốra, « celle qui fait sortir les présents des profondeurs »— c’est-à-dire « la Déesse de la terre qui préside à la fécondité ». Selon Jean-Pierre Vernant, elle est ainsi « le nom d'une divinité de la terre et de la fécondité. Comme son doublet Anesidora, elle est représentée, dans les figurations, émergeant du sol, suivant le thème de l'anodos d'une puissance chthonienne et agraire ». Pandore qui fait le malheur de l'humanité en soulevant le couvercle de la jarre dans laquelle étaient enfermés les maux repose sur une conception traditionnelle pour qui la femme est l'homologue de la terre, l'une et l'autre ayant deux faces opposées : « Pour la race de fer, la terre et la femme sont en même temps principes de fécondité et puissances de destruction ; elles épuisent l'énergie du mâle, dilapident ses efforts, le « desséchant sans torche, si vigoureux qu'il soit » (Travaux, 705), le livrant à la vieillesse et à la mort, en « engrangeant dans leur ventre le fruit de ses peines » (Théogonie, 599). »

Georges Charachidzé a mis en évidence que plusieurs éléments du mythe de Prométhée ont été empruntés aux légendes géorgiennes. Ces contacts avec le Caucase sont également à la base du mythe de Pandore, fondé sur l'idée reprise par Hésiode que la femme est à l'origine des maux de l'homme. Néanmoins, sa création comme celle du premier homme à partir de la terre glaise est d'origine mésopotamienne.

Développements ultérieurs

Représentations artistiques

Peinture

Littérature

  • 1566-1583 : dans le recueil de nouvelles Histoires Tragiques de François de Belleforest, Pandore est une femme adultère et une infanticide.
  • 2006-2011 : dans le manga Saint Seiya: The Lost Canvas de Shiori Teshigori, Pandore est l'assistante d'Hadès alors aux prises avec les chevaliers d'Athéna.

Cinéma

Jeux vidéo

  • Legendary est un jeu vidéo de tir à la première personne sorti en 2008 ayant comme toile de fond le mythe de Pandore.
  • Professeur Layton et la Boîte de Pandore (レイトン教授と悪魔の箱, litt. « Professeur Layton et la Boite Maléfique ») sorti en Europe le en jeu vidéo sur Nintendo DS et développé par le studio japonais Level-5. L'action tourne autour d'un mystérieux coffret situé dans une ville fantôme qui attirerait malheur à quiconque le possèderait et présente des points communs avec la légende. Le titre francophone du jeu en fait d'ailleurs plus explicitement référence.
  • Tomb Raider (jeu et film) : elle apparaît sous la forme d'une boîte qui renferme la vie[réf. nécessaire].
  • The Council : le joueur trouve une jarre qu'il identifie comme celle de Pandore. Il peut l'ouvrir mais cela n'a aucun effet sur l'histoire[réf. nécessaire].
  • God of War III : Pandore est la clé pour accéder à la boîte[pas clair][réf. nécessaire].
  • Borderlands est une série de Looter shooter parue en 2009 développée par Gearbox Software et éditée par 2K Games ayant pour principal théâtre des évènements la planète Pandore. L'histoire entourant les Arches créées par la race des Éridiens, prisons extra-terrestres renfermant des créatures terrifiantes et MacGuffin notable de la série, évoquent également le mythe de la boite de Pandore.

Astronomie

Son nom a été donné à :

Annexes

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Bibliographie

Sources anciennes

Études

  • 1974 : Jean-Pierre Vernant, Le Mythe prométhéen chez Hésiode, dans Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, Éditions Maspero, 1974, p. 177-194.
  • 1985 : Geneviève Hoffman, Pandora, la jarre et l'espoir, Persée, 1985.
  • 1999 : Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Grands dictionnaires », (1re éd. 1951) (ISBN 2-13-050359-4)
  • 2005 : Jean-Pierre Vernant, Pandora, la première femme, Paris, Éditions Bayard, 2005 (reprise d'une conférence donnée à la Bibliothèque nationale de France le ).
  • 2009 : Pauline Schmitt Pantel, Aithra et Pandora. Femmes, Genre et Cité dans la Grèce Classique, Paris, L’Harmattan, Bibliothèque du féminisme.
  • 2011 : Patrick Kaplanian, Mythes grecs d'origine, vol. I : Prométhée et Pandore, éd. L'entreligne, Paris, 2011 (ISBN 978-2-909623-06-1).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

Références

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