Stathouder

Le stathoudérat (du néerlandais stadhouder, mot-à-mot « lieu-tenant », qui équivaut au statthalter, ou gouverneur général en Allemagne) est une fonction politique et militaire médiévale dans les anciens Pays-Bas. Le stathouder connaît aux XVIe et XVIIe siècles une modification importante de son rôle avec le déclenchement de la guerre de Quatre-Vingts Ans, la sécession des Pays-Bas espagnols et l'accession à l’indépendance des Provinces-Unies. Dans l’histoire de la République néerlandaise, les fonctions et l’autorité du (ou des) stathouders continuèrent de fluctuer grandement selon les circonstances politiques internes et externes. On remarque cependant deux constantes dans l’attribution du stathoudérat durant cette dernière période : l’hérédité de fait en faveur de la maison d'Orange-Nassau et la sujétion de cette attribution aux états généraux des Provinces-Unies.

Origines

La fonction de stathouder prit de l’importance dans les Flandres avec l’unification de la région peu à peu imposée par les ducs de Bourgogne. Faute de pouvoir être présent partout et malgré l’itinérance de la cour, le souverain nommait en effet dans les provinces des lieutenants, équivalents des gouverneurs généraux du royaume de France, pour le représenter en son absence. L’extinction de la lignée mâle des ducs de Bourgogne et le mariage de Marie, la fille du Téméraire, à l'archiduc et plus tard empereur Maximilien renforça cette nécessité. Maximilien, comme plus tard son petit-fils Charles Quint, avait à gérer des territoires éparpillés et distants et n’avait que rarement l’occasion de se trouver dans les Flandres. Outre un gouverneur général pour l’ensemble des Pays-Bas, le souverain nommait donc des gouverneurs pour les différentes provinces.

Sous Charles Quint, la tendance se renforça. Les gouverneurs, dans le Sud, nommés dans le Nord stadhouders ou stadholders, furent systématiquement choisis dans l’aristocratie, en particulier parmi les chevaliers de la Toison d'or. Les familles de Croÿ, d’Egmont ou de Bourgogne-Beveren furent ainsi régulièrement pourvues en gouvernements. Il y eut également une tendance au regroupement des provinces, afin de créer des entités cohérentes et suffisamment massives. En 1547, en partant des Pays-Bas pour l’Allemagne, l’empereur nomma ainsi son parent Adolphe de Bourgogne, seigneur de Beveren et amiral de la mer, stadhouder pour la Zélande, la Hollande et Utrecht, tandis que le comte de Buren était investi des gouvernements de Frise, Groningue et Overyssel.

Cet état de fait se poursuivit dans les premières phases de la guerre de Quatre-Vingts Ans. Le prince d'Orange, stathouder de Hollande, Zélande et Utrecht depuis 1559 (date à laquelle il avait été nommé à ce poste par Philippe II d'Espagne) finit néanmoins par être investi du gouvernement sur la majorité des provinces sécessionnistes.

Aux Provinces-Unies

Dans la république des Provinces-Unies, la souveraineté était exercée par les États généraux des Provinces-Unies, formés de délégués des États des différentes provinces, dont les membres étaient désignés par cooptation ou par les villes.

Le secrétaire des États de chaque province avait le titre de pensionnaire des États. Seul le pensionnaire de Hollande, la province qui dominait la république, était considéré par les puissances étrangères comme un interlocuteur valable. L'usage diplomatique lui donnait donc le nom de « grand-pensionnaire », qui n'avait en fait aucune existence légale[réf. nécessaire]. Face à ce chef de l'administration provinciale, plusieurs chefs militaires étaient chargés de l'armée : les stathouders grands-pensionnaires et les stadhouders s'opposèrent pendant toute l'histoire des Provinces-Unies pour contrôler la réalité du pouvoir, les uns ayant pour eux la légitimité des lois, les autres la puissance que leur donnait la direction des armées.

Dès le début de la guerre de Quatre-Vingts Ans, mais plus encore avec l'acte de La Haye, la fonction de représentation du stathoudérat était vidée de son sens : les provinces s'étaient défaites de leur souverain et s'avérèrent incapables d'en trouver un nouveau. En revanche, l'état de guerre permanent et les incursions continuelles des Espagnols rendaient nécessaire le maintien des fonctions militaires des anciens capitaines généraux.

Après l'échec du duc d'Anjou en 1582, la maison d'Orange-Nassau tenta d'établir son monopole sur cette fonction. Guillaume le Taciturne, pourtant nommé en 1559 par Philippe II stathouder de trois provinces, fut rappelé à ces fonctions par les insurgés contre le marquis de la Vère ; il avait fait nommer son frère aîné Jean VI de Nassau-Dillenbourg stathouder de Gueldre en 1578. Son fils Maurice d'Orange-Nassau poursuivit son entreprise en étant reconnu comme tel par quatre des sept provinces, les trois autres échéant à son cousin le comte Guillaume-Louis de Nassau-Siegen, fils de Jean VI. En 1595, toutes les provinces avaient à leur tête un stathouder de la maison de Nassau. Cumulant les charges de capitaines et d’amiraux généraux des diverses provinces, elle semblait à la tête de la république. Se forma en réaction un parti « bourgeois », très fermement opposé à cette confiscation du pouvoir qui lui rappelait par trop la monarchie, considérée comme nécessairement tyrannique depuis la révolte. Arguant des dérives monarchiques du stathoudérat, cette alliance obtint sa suspension à la mort de Guillaume II d'Orange-Nassau. Les grands-pensionnaires avaient les mains libres pour une vingtaine d'années.

C’est la campagne éclair de Louis XIV contre les Pays-Bas (1672) qui bouleversa cet équilibre fragile. Incapable de faire face à l'avancée des Français, seulement arrêtés par l'ouverture des digues qui transformait la Hollande en île, le grand-pensionnaire Johan de Witt fut lynché par la foule et le stathoudérat rétabli au profit de Guillaume III d'Orange-Nassau.

De nouveau supprimé à la mort de celui-ci en 1702, le stathoudérat fut rétabli en 1747 avec Guillaume IV d'Orange-Nassau. Nouveauté importante et significative, ce « second stadhoudérat » concernait non plus les provinces indépendamment les unes des autres, mais l'ensemble de la république. Il était pour cela qualifié de stadhoudérat général. La fiction des Provinces-Unies, alliance de pays ayant déchu leur prince commun et assumant ses fonctions par le biais de ses conseils réunis dans les États, était balayée. À la mort de Guillaume IV en 1751, son fils Guillaume V, alors âgé seulement de 3 ans, lui succéda (régence de Brunswick).

Face aux troubles des patriotes bataves, il fut une première fois démis de ses fonctions en 1786, puis rétabli en 1787, avant d'être renversé en 1795 par les armées de la France révolutionnaire, au profit de la République batave.

Liste des stathouders des Pays-Bas bourguignons et espagnols puis des Provinces-Unies

Stathouders de Hollande, Zélande et Utrecht

Dès la maison de Bavière, le comte se faisait représenter en Hollande par un lieutenant pendant ses séjours en Hainaut.

Stadhouders de Drenthe

Stadhouders de Frise

La Frise, théoriquement acquise avec la Hollande, ne fit l'objet d'un gouvernement séparé qu'à partir du XVIe siècle. Exposée aux menées des ducs de Gueldre, elle fut à peu près soustraite au contrôle bourguignon pendant tout le premier quart de ce siècle.

Stadhouders de Groningue

Stadhouders de Gueldre

Achetée en 1473 par Charles le Téméraire, le domaine du duc de Gueldre ne fut jamais véritablement contrôlé avant les années 1540 en raison du caractère litigieux de cet achat. Le duché fut presque systématiquement tronqué en deux parties contrôlées par deux maîtres, l'une au sud, autour de Venloo, plutôt soumise aux maîtres de Bruxelles et une autre, autour d'Arnhem (en fait l'ancien comté de Zutphen) extrêmement rétive.

Retour dans les domaines de ducs de Gueldre puis de Clèves

Première période sans stathouder

Deuxième période sans stathouder

Stadhoudérat général

Stadhouders d'Overijssel

Stadhouders d'Utrecht

Notes et références

Voir aussi

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Articles connexes

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